Premiers pas pour une Communication Nonviolente (CNV)

Ce texte a pour intention de multiplier les supports qui diffusent des infos autour de la Communication Nonviolente (CNV). Je reviendrai sur les étapes du processus et surtout sur l’intention qui sous-tend la CNV.
Ces lignes viennent d’habitude après et en complément des ateliers de découverte-expérimentation à la Communication Nonviolente (CNV) que je donne. Parce que de mon expérience, la pratique de la CNV ainsi que l’expérience voire l’engagement du corps sont irremplaçables et très précieuses dans l’intégration de cette philosophie. Pour autant, j’ai eu envie de contribuer à la diffusion de cette vision du monde.

Texte sous licence CC-BY-NC-SA – Noa

L’intention, l’intention

Marshall B. Rosenberg (1934 – 2015) est le fondateur du processus de la Communication Nonviolente (ou CNV) dans les années 60 – 70. S’il s’est inspiré de Gandhi et de Krisnamurti, je trouve que le concept de Nonviolence selon Rosenberg est spécifique.

Pour moi, la Communication Nonviolente est d’abord une philosophie, une énergie, une attitude, une posture holistique qui dépasse de loin la parole. De là peuvent ensuite découler un ensemble d’outils, de « trucs », de concepts, parfois langagiers.

La CNV est une démarche fondée sur la prise de conscience de ce qui facilite ou entrave le dialogue & la qualité de relation. Marshall disait : « la CNV est avant tout une intention, celle de créer une certaine qualité de connexion envers soi et autrui qui permette à la compassion de se vivre dans le donner et le recevoir avec bienveillance. » C’est pour moi une posture qui prend d’abord soin du lien plutôt que du résultat, qui recherche la connexion avant la solution, qui cherche à prendre en compte les besoins fondamentaux de chacun∙e de manière harmonieuse, qui permet donc à chacun∙e d’augmenter ses chances de vivre ce qu’il ou elle souhaite le plus. En proposant d’aller vers un partage équitable des ressources (quelles qu’elles soient), je trouve que la CNV est au service d’une justice climatique et sociale globale, au service de tous les êtres vivants.

(Licence CC0 Public Domain)

Une fois que je me suis posé la question de mon intention, Rosenberg a proposé 4 étapes qui permettent de placer mon attention et de vérifier instant après instant si ce que je pense (et dis) reste au service de mon intention. Si mon intention est centrée sur l’envie d’être en lien, alors je peux m’appuyer sur les 4 composantes principales de ce qui est parfois appelé protocole ou processus CNV : l’O, S, B, D (Observation, Sentiment, Besoin, Demande).

 L’ordre de présentation de O, S et B est indifférent. Ce sont des étapes qui, je trouve, permettent de m’apaiser ; qui m’aident à transformer jugements, évaluations, reproches en connexion de cœur à cœur ; qui me soutiennent pour reprendre la responsabilité de ce qui me traverse.       
Cependant, il ne s’agit pas d’une manière de parler qu’il faudrait suivre à tout prix. Les concepts proposés sont des repères, des béquilles, et non pas des règles à suivre. D’ailleurs, l’OSBD n’est pas ce que je « sors » à l’autre, c’est vraiment mon décodeur intérieur, c’est ce qui permet de me clarifier moi, de gagner en conscience. « Parler en OSBD », de mon expérience, augmente le risque d’entraver la communication, que les personnes familiarisées ou non avec la CNV se sentent agacées ou mal à l’aise !

Je vais plutôt utiliser avec autrui les mots que je veux, les mots qui me viennent spontanément. Car, encore une fois, la CNV n’est pas une langue mais bien une posture, et l’OSBD un soutien au service de (comment j’incarne) mon intention.          


Girafe & Chacal

La CNV utilise la symbolique de deux animaux : la girafe et le chacal. Il n’y a pas de jugement de valeur dans le choix de ces animaux : ils sont tous les deux traversés par la vie, il n’y a pas un « meilleur » mode qu’un autre !      
Quand je suis en mode girafe, je porte mon attention sur les sentiments/besoins (les miens, ceux de l’autre). C’est l’animal qui utilise la CNV, l’empathie, la bienveillance, l’écoute, l’ouverture. Elle a un gros cœur, elle voit loin, elle a les oreilles tournées vers l’extérieur.

Quand je suis en mode chacal, je porte mon attention sur les pensées (les miennes, celles de l’autre). C’est l’animal qui utilise le langage habituel, conditionné, il va avoir recours à des jugements (positifs ou négatifs), des menaces, des accusations, il va chercher à avoir raison, etc. Pratiquer la CNV d’après moi permet de gagner en conscience : où me place-je en cet instant ? Suis-je en mode girafe ou mode chacal ? Je peux prendre le temps de goûter cela. Avant de découvrir la CNV, moi, je ne savais qu’il existe un mode autre que balancer mes jugements ! Je n’avais pas cette conscience là.    

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Également, être en posture CNV n’est pas un but en soi ! Il n’y a pas d’obligation à être en mode girafe tout le temps (je crois que cela n’est d’ailleurs humainement pas possible). J’ai plutôt observé que la pratique de la CNV me permet de traduire de plus en plus rapidement et de plus en plus souvent en mode girafe les jugements qui surgissent en mode chacal. Je ne crois pas que pratiquer la CNV fera disparaître les jugements qui me traversent et qui m’arrivent !

Attention, opter pour la CNV ne veut pas dire être toujours sympa, tout accepter, mettre des choses sous le tapis, s’oublier et devenir « une gentille personne morte », selon l’expression de Rosenberg. Pour moi, la Nonviolence de la CNV se goûte dans l’authenticité (envers moi, envers l’autre) et la danse. La CNV m’invite à goûter ce qui me traverse, être en bienveillance avec moi et si je le souhaite, si je le peux, rester en lien, en connexion, à l’écoute de l’autre. Pour cela, je peux m’aider de l’O, S, B, D !

Observation

Avant de me prendre le temps à déplier le processus CNV, je me redemande : quelle est mon intention ? Si je suis en mode girafe, je peux placer mon attention sur la première étape du processus : l’Observation.

Une observation en CNV, c’est quand je formule ce que je vois ou entends de manière factuelle. Une caméra pourrait décrire la scène. Issâ Padovani, formateur certifié en CNV, parle de dérouler le film « sans les sous-titres, sans les commentaires des personnes qui le visionnent.»

Pour moi, plus j’écoute mes chacals mais sans m’identifier à eux plus je peux apaiser mes pensées donc m’apaiser, garder du recul/ relativiser sur l’évènement et aussi poser une base commune à partir de laquelle le dialogue peut continuer.  Marshall dit : « Dès qu’un∙e interlocuteur∙trice entend une critique, le différend le plus simple devient impossible à résoudre. » La communication se coupe. Une fois cette base factuelle posée, je peux alors descendre vers ce qui est vivant en moi : mes sentiments et mes besoins !

Mais alors ! Comment vérifier que je suis dans l’observation ? Pour rester factuel∙le :

L’observation est à différencier de qu’on pourrait appeler le théâtre mental, qui englobe jugements, reproches, défoulement des pensées, analyses, interprétations, croyances, opinions, projections (même inconscientes), etc. Dans le théâtre mental se jouent aussi des choses qui dépendent de mon vécu, de mon filtre perso, de mes blessures, de ma culture. Au final c’est l’ensemble des trucs que je me raconte, que je me dis… ce sont mes hurlements du mode chacal !

Une personne en mode super-chacal-extrêmement-mal-luné, suite à une observation, ne pourrait répondre que : « Oui et alors ? ».

  • Je peux me demander : est-ce que la personne la plus différente de moi au monde verrait ou dirait la même chose ?
  • J’évite tous les adjectifs qui sont des jugements : « joli∙e, moche, gentil∙le, méchant∙e »  
  • J’évite les généralisations : « toujours, tout le temps, jamais »
  • J’évite les mots connotés : « tu traines les pieds »
  • Je fais appel à des références extérieures, un chiffre précis, un élément mesurable : « elle mesure 2m65 » plutôt que « elle est grande »
  • J’évite toute comparaison entre deux personnes, pour rester dans une intention de dialogue plutôt que de compétition (qui est le/la meilleur-e)
  • Enfin, je prends la responsabilité de mes jugements avec : « je trouve que… », « je me dis que… », « j’ai l’impression que… », etc.

A chaud, surtout si l’émotion très est forte, j’ai observé que les jugements sortent en premier !  C’est ok, même humain je crois. Je peux attendre un moment plus à froid et revenir à ma boussole : quelle est mon intention (être en lien, exprimer ma limite, essayer d’avoir raison) ? J’ajuste mon observation en fonction. Je n’ai pas besoin d’être parfait∙e ni de TOUT décrire. Surtout, je n’essaye pas de mettre « du miel sur ma bouche » et de faire une observation si ce n’est pas intimement ce que je pense !

Sentiments et sensations physiques

Les sentiments sont comme les voyants d’un tableau de bord de voiture : ils me signalent juste que quelque chose est vivant en moi. C’est une information précieuse ! Aurais-je l’idée de mettre un autocollant sur mon tableau de bord auto pour camoufler le voyant ?       
Un sentiment n’est donc ni bon ni mauvais (bien qu’il puisse être agréable ou désagréable à éprouver) : il signale un besoin satisfait ou insatisfait.

En CNV, je porte attention à différencier les sentiments des évaluations masquées, des pensées, et des interprétations.

  • Si je dis je suis nul∙le, bête, médiocre je ne parle pas vraiment de ce que j’éprouve mais bien de ce que je crois de moi ! (théâtre mental)
  • Des mots tels que accusé, jugée, acculé, harcelée, contrainte, coincé, invisible, niée, dupée, manipulé sont des évaluations masquées. A ce moment, je laisse à l’autre du pouvoir sur moi, j’oublie alors qu’autrui n’est jamais la cause de ce que je ressens, seulement ce qui déclenche, le stimulus !
(Licence Diane Barran)

Qu’est-ce que j’ai éprouvé à ce moment ? Qu’est-ce que je ressens maintenant ? Qu’est-ce qui est maintenant vivant en moi ? Je peux me demander si des sensations physiques sont présentes.        
Exemple : je me sens seul∙e, navré∙e, frustré∙e et j’ai mal au ventre, les mâchoires serrées.       
En CNV, je prends la pleine responsabilité de mon sentiment, il m’appartient, je l’exprime au « je » : je me sens agacé∙e plutôt que tu m’agaces. « J’ai le sentiment que » est un faux-ami ! C’est une pensée qui relève du théâtre mental. Je suis retourné∙e dans ma tête.

Cette différenciation permet, d’après mon expérience, de gagner en empuissantement (Issâ Padovani parle de « reprendre la télécommande de ses émotions & de sa vie ») puisque je ne dépends plus de l’autre. Cette attention permet au dialogue de se poursuivre, de me relier plus facilement (même si je suis en mode super-chacal) à ce que l’autre vit, voire d’ouvrir un espace d’écoute qui serait davantage de cœur à cœur.

Enfin, de mon observation, plus je passe par le corps, par le cœur et plus je quitte la tête, plus il m’est possible de ressentir l’émotion qui m’habite encore, l’accueillir, la traverser, et qu’elle s’apaise enfin.

 Ce sont des repères encore une fois, pas des absolus à atteindre, encore moins « à chaud ». Et aussi, si je trouve sincèrement que j’ai été abandonnée ou trahi, je ne cherche pas à remplacer cela par des « mots CNV ».

Besoins

Les besoins en CNV sont indépendants de tout contexte. Un besoin n’est jamais quelque chose que l’on peut faire, ni quelque chose que l’on peut prendre ou toucher. Il n’est pas PALMO, càd il n’est attaché ni à une Personne, ni à une Action, ni à un Lieu, ni à un Moment, ni à un Objet particulier. Un besoin est universel, partagé entre tous les humains. N’importe qui peut s’y relier.   
Ils sont l’énergie vitale qui nous mobilise pour agir vers ce qui va nous faire croître. Les besoins sont des manifestations de la vie. Rosenberg les considère comme des cadeaux beaux et précieux !

La croyance en CNV c’est qu’il y a un nombre infini de manières de les satisfaire. Rosenberg appelle stratégies les actions que l’on met en œuvre pour les nourrir. S’il peut y avoir des conflits entre les stratégies mises en place, il n’y a jamais conflit au niveau des besoins puisqu’en CNV mes besoins et ceux de l’autre sont tout aussi importants.

(Licence Diane Barran)

Attention, si je dis « j’ai besoin que » : je cours vers une stratégie plutôt qu’un besoin au sens CNV.

  • J’ai besoin que tu ranges ta chambre > Besoin d’ordre, d’harmonie
  • J’ai besoin de boire une citronnade > Besoin d’hydratation, de détente
  • J’ai besoin de ce travail et d’argent > Besoin de sécurité, de sens

Derrière une stratégie, plusieurs besoins peuvent cohabiter, certains nourris et d’autres non.              

Le plus j’accède et me connecte à mes besoins, plus je trouve que je peux me débrancher de la stratégie initiale, je peux repartir sur une autre stratégie, je gagne en liberté, en abondance. J’observe que j’attends beaucoup moins que l’autre change (ah ! s’il ou si elle ou iel changeait… J ), je m’empuissante.

« Le chacal se répète en boucle tant qu’il n’est pas entendu. » Mon observation c’est que reconnaître un besoin peut permettre de l’apaiser et ne nécessite parfois plus la mise en place d’une stratégie. Franchement, ça été une révélation pour moi !

Demandes

Tout comme mon sentiment est en lien avec mon besoin, la demande en CNV surgit en lien avec un de mes besoins (nourri ou non). Encore une fois se pose la question de l’intention : pour quelle raison aimerais-je que l’autre fasse/dise ce que je lui demande ? Suis-je toujours en train de privilégier la relation ou bien le résultat ?               

La demande CNV n’est souvent qu’un prétexte pour ouvrir le dialogue. Et c’est en cela qu’elle peut être, d’après moi, déstabilisante par rapport à une requête effectuée depuis le mode chacal, car en mode girafe, la porte reste ouverte au refus de l’autre, je me fiche du résultat.  Ma demande est un « s’il te plaît. »

Sinon, je suis dans l’exigence ! Un refus génèrera alors chez moi un sentiment désagréable (peur, colère, frustration, tristesse) ; j’aurais envie d’adresser des reproches (à l’autre, à moi). L’autre personne face à mon exigence risque d’être dans la révolte ou la soumission mais pas l’adhésion !  

La dernière étape du processus CNV présente deux catégories : les demandes de connexion et les demandes d’actions.                
Les demandes de connexion permettent 1) de vérifier que c’est le « bon moment » pour entrer en relation avec l’autre personne (pour moi, pour elle) 2) puis d’avoir un retour sur ce que la personne en a retenu 3) et enfin de savoir ce qu’elle ressent après m’avoir entendu∙e.

Une demande d’action en CNV a les caractéristiques suivantes : elle est réalisable, concrète, précise, et formulée positivement si possible dans l’instant présent, adressée à une ou des personnes en particulier (moi inclus∙e). « Qu’est-ce qui pourrait me rendre la vie plus belle, là, maintenant ? » Une parole ? Une action ? … mais toujours en lien avec mes besoins.

  • J’ai froid ! > (besoin de confort) Est-ce que Michel tu serais ok pour fermer la fenêtre derrière toi stp, j’ai froid ?
  • J’ai la peste ou quoi ? > (besoin de tendresse) Pourrais-tu me prendre 5 minutes dans tes bras, si tu veux bien ?
  • On se rappelle ! > (besoin de partage) Lundi prochain à 15h tu serais dispo pour un appel par tel d’une heure ? C’est moi qui appelle.
(Licence CC0 Public Domain)

Pour plus de détails sur les demandes, un article ici.

Auto-empathie

De mon observation, la CNV « vient » rarement à « chaud », surtout au début, elle s’intègre avec de la pratique, avec du temps ! Pensez à combien de temps d’ailleurs vous avez été baigné∙e dans le monde habituel, l’univers « chacal. » Alors n’oubliez pas de vous donner de l’empathie à vous-même, d’avoir de la douceur si jamais vous passez parfois en mode chacal ! De nouveau, enfin, Rosenberg dit : « La langue girafe n’est pas une langue, elle n’est pas une affaire de mots ; c’est une attitude qui nous permet de rejoindre un flot d’énergie à partir duquel il est possible de donner du plus profond de son cœur. Cela a relativement peu de choses à voir avec les mots, c’est universel et s’applique à toutes les cultures. » Pour moi, le plus important n’est pas le langage utilisé mais plutôt le changement de conscience qui précède le choix des mots.

Ressources

LIVRES 
Rosenberg Marshall, Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), La Découverte, 2005 (édition 2015), 260 p.          
Rosenberg Marshall (Mini-Livre) : Clés pour un monde meilleur, CNV et changement social.
Achard Nathalie, La communication non violente à l’usage de celles et ceux qui veulent changer le monde, Marabout, 2020, 208 p. Il reprend les bases de la CNV avec une approche associative
Art-Mella (Bande Dessinée) : Émotions Enquête et mode d’emploi – Tome 1, 2,3.

SITES
Les dessins sont issus du blog dessiné de Léti Gribouille : cnv-apprentiegirafe.blogspot.com
Les sites d’Issâ Padovani : club-cnv.com  pour la partie CNV, club-communification.com pour un aspect plus spirituel et ésotérique.

VIDEOS
Les conférences de Marshall Rosenberg https://www.youtube.com/watch?v=bIjRxdN-kL8 ou https://www.youtube.com/watch?v=53_qlO_8qqo
Marshall Rosenberg : Atelier d’introduction à la CNV (47min)
Partager c’est sympa : https://youtu.be/4S9yQh2yc98 « 5 trucs pour être heureux |CNV » (7min)
Issâ Padovani : « Pourquoi est ce que je ferais de la communication non violente ? je ne suis pas violent moi ! » (13min) ou audio soundcloud.com/issapadovani.
Thomas d’Ansembourg : Cessez d’être gentils soyez vrais (1h40, reprend en grande partie le livre Cessez d’être gentils soyez vrais)

PRATIQUER
Site officiel : www.cnvformations.fr répertorie les formations dispensées par des personnes certifiées.
Autres stages : il est aussi possible de se former via des ateliers (initiation ou perfectionnement) animés par des personnes non certifiées ou en cours de certification. Ces personnes utilisent généralement des termes comme « communication bienveillante »,  « stage basé sur la Communication Nonviolente », etc.
Groupes de pratique : pour une pratique plus régulière, il est possible de rejoindre un groupe de pratique (mensuel, bi-mensuel, etc.). Certains sont payants, d’autres demandent une participation aux frais, d’autres pas. La liste officielle des groupes de pratiques : fr.nvcwiki.com/index.php/Liste_des_groupes_de_pratique/France et cnvfrance.fr/carte-groupes-de-pratique-cnv/. D’après moi [Noa], il est toujours possible de monter son propre groupe de pratique avec un ensemble de personnes motivées et de trouver des « exercices » sur internet ou dans le Manuel de Lucy Leu (voir juste en dessous).     >>Si ça vous intéresse, on peut s’en recauser, c’est comme ça que je me suis principalement formé∙e !
Manuel d’exercice et de pratique : Leu Lucy, Manuel de communication non violente : exercices individuels et collectifs, La Découverte, 2005, 204 p.  
Réseaux sociaux : il existe des groupes de pratiques en ligne tels que celui-ci d’Issâ Padovani (c’est sur Facebook!) ; FB CNV Île-de-France ; FB – Les Petits Elèves Girafes… il en existe d’autres, autogérés, pas forcément sur FB. A chercher ! 

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ALLER PLUS LOIN ?
Voici, d’autres pistes encore pour faire se croiser la CNV, la lutte contre les oppressions systémiques et le changement sociétal et climatique que je désire voir advenir :
Achard Nathalie, Mon privilège, ton oppression, Époque Épique, 2021, 262 p.
Kashtan Miki : thefearlessheart.org. Depuis 2014, elle offre des coups de fils qu’elle enregistre pour qu’ils soient ensuite gratuitement accessibles à toustes sur des thèmes tels que : Faire face aux Privilèges : Activisme Nonviolent pour la Libération : Interroger l’Argent ; Dépasser le patriarcat ; etc.
Starhawk : Rêver l’obscur ou encore Chroniques altermondialistes, dont vous trouverez un extrait en français ici : www.terrestres.org/2019/11/22/au-dela-de-la-violence-et-de-la-non-violence/ 
Macy Joanna : Association Le Travail qui relie (works that reconnects) ; association les Roseaux dansants. Livre : Écopsychologie pratique et rituels pour la terre : revenir à la vie.
Article sur la colère (en anglais) : https://baynvc.org/reclaiming-anger/

Cette liste est non exhaustive, si vous pensez qu’il manque une référence pertinente, s’il vous plaît, indiquez-le moi ! 


Ci-dessous le PDF qui reprend ce texte en version imprimable (cahier).

Désobéissance civile et changer le monde (3/3)

Quel changement je veux voir dans le monde? Quel changement je peux créer dans le monde?

[Suite et fin des textes Désobéissance civile et Non violences (1/3) et Désobéissance civile et CNV (2/3)]

Dans les deux textes précédents, j’évoquais la désobéissance civile de Gandhi et les Actions Directes Non Violentes ainsi que les usages possibles de la force dans la philosophie de la CNV. Je me suis demandé quelles étaient les divergences entre ces différents courants non violents qui se veulent au service d’un changement dans le monde.
Dans ce dernier texte je reviens sur le changement que je pourrais déployer dans le monde & qui serait en accord avec une posture CNV.
Quel changement je veux voir dans le monde? Quel changement je peux créer dans le monde?

Texte sous licence CC-BY-NC-SA – Noa

Je veux que l’autre change

Joanna Macy, citée par P. Servigne, considère qu’il y a trois dimensions à ce qu’elle appelle le Changement de Cap. Les actions, les luttes qui cherchent à ralentir les dégâts en cours (activisme) ; l’analyse, la compréhension de la situation actuelle ainsi que le déploiement d’alternatives concrètes (changement par le faire); enfin le changement intérieur de conscience. Elle précise qu’aucune voie n’est plus importante ou « meilleure » qu’une autre : les trois simultanément sont nécessaires.

J’aimerai repréciser que Marshall Rosenberg a passé une bonne partie de sa vie à déployer le processus de la CNV afin que le plus grand nombre de personnes participe au changement social global en comprenant d’abord comment se libérer de ce qui n’est pas en harmonie avec le genre de monde que nous souhaitons créer et en déployant ensuite un état d’esprit qui nous incite à l’action. 

Êtes-vous d’accord que nous avons recours à l’utilisation de la force (protectrice ou répressive), car nous souhaitons qu’un changement ait lieu par rapport à la situation initiale ? Transformation rapide si danger immédiat, rectification si nous souhaitons que l’autre personne prenne la mesure de ses actes et change.

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Il y a des changements qui arrivent tous seuls et d’autres que l’on souhaiterait choisir ou accélérer.

Pour différencier ces 2 types d’usages de la force, Rosenberg indique qu’il est possible de se poser les deux questions suivantes :
1/ « En quoi voudrais-je que cette personne change de comportement ? »     
Personnellement, c’est une question que je me pose souvent et j’ai souvent une facilité déconcertante pour y répondre. Par exemple avec l’Enfant que j’accompagne parfois à grandir, quand je lui rappelle un soir sur deux l’importance selon moi du lavage de dents, j’aimerai ne plus avoir à lui rappeler. Je me dis : « Bah oui, j’aimerai qu’elle change de comportement : autogestion des chicots! »
2/ « Quelle motivation voudrais-je que cette personne ait pour faire ce que je lui demande ? ».
Il est vrai que je me pose rarement cette question.      
Est-ce que je veux que l’Enfant se lave les dents parce qu’elle en aura marre de m’entendre râler ? Ou parce qu’elle aura intériorisé telle quelle la règle sortie de ma tête « avant d’aller au lit « on » se lave les dents », sans la comprendre. La vie sera plus simple pour moi, mais pour elle ? Un apprentissage de la soumission et de la domination. Est-ce le reflet du monde que je désire voir ?       
Ou bien, j’aimerais qu’elle prenne conscience de sa propre responsabilité quant à avoir des dents les plus saines possibles, le plus longtemps possible ? Et qu’elle nourrisse à la fois ses besoins d’autonomie, de propreté et de soin (par exemple) ? Qu’elle choisisse en conscience ?

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L’usage répressif de la force ne pourra jamais permettre de développer une motivation qui soit interne et propre à la personne chez qui je veux voir quelque chose changer. Si je veux juste que l’autre change et point barre ma posture n’est pas Nonviolente dans le sens de Rosenberg.    

Me changer moi?

Se poser la question de la motivation avant de demander à l’autre personne de changer permet de repartir de soi et de se demander quels sont mes besoins (en général non nourris) de l’instant. Parce que la CNV nous le rappelle souvent, l’autre personne n’est que le déclencheur mais pas la cause.

Pour reprendre une citation d’Etty Hillesum, relevée par P. Servigne « je ne crois pas que nous puissions corriger quoique ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous ». Pınar Selek, citée par Guillaume Gamblin, le présente comme ceci : « On ne peut pas transformer un système quand on ne se transforme pas. Le système est en nous aussi, il existe par nous, nous le faisons vivre ! ».

Et plus le temps passe et plus je me dis cela : je veux vivre dans un monde plus frugal, plus convivial, sans domination (et j’en passe). Suis-je capable moi de ne pas exercer de domination (typiquement domination adulte quant au lavage de dents, mais aussi raciale, validiste, agiste, de genre, etc.) ? De travailler à réduire ma consommation de façon à ce que mes besoins soient nourris de façon ajustée (ne plus avoir besoin de manger une tablette de chocolat quand je me sens triste car j’ai besoin de réconfort)? Arrivé-je à être en lien avec par exemple mes voisin∙es ou des inconnu∙es que je croise, de cœur à cœur ?

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Pour reprendre la célèbre phrase de Gandhi : puis-je être le changement que je souhaite voir dans le monde ?
Et c’est en cela que la CNV est un formidable étai, un incroyable outil (le mot est réducteur je trouve), un support inépuisable (j’ai l’impression !) d’empuissantement, car chaque jour, je vois plus clair en moi et je me transforme dedans.  Pas à pas, je me métamorphose et mon jardin intérieur ressemble à ce que j’aimerais voir à l’extérieur : plus de joie, plus de couleurs, plus d’amour, de fragilité et d’interdépendance ! J’ai parfois l’impression de rester immobile assis dans le fond de mon canapé rouge mais au final, ça déménage à l’intérieur !
C’est une tache à ma mesure, qui me donne aussi de la puissance et qui me permet de me dire que chaque jour je fais ma part avec mes moyens.

Agir « par » l’environnement ?!

Je pense à Starhawk et à ce qu’elle nomme l’action directe libérée (empowered direct action). Son but ? « Faire sentir aux personnes qu’un monde meilleur est possible, qu’elle peuvent faire quelque chose pour le faire exister et qu’elle sont des compagnes ou des compagnons de valeur dans cette lutte. L’action directe libérée signifie donner puissance à la radicalité de notre imagination et revendiquer l’espace nécessaire pour faire exister nos visions ». Elle est magie, elle est l’art de changer les consciences ».

Quant à changer nos consciences, je terminerai par cette vision de Jean-Philippe Faure, formateur CNV, que je n’incarne pas du tout encore mais je ne peux résister à la partager car elle me décoiffe et me parle énormément !

Il considère que « si j’agis pour mon environnement je me place dans une position dualiste du pour et du contre, je perpétue des systèmes de croyances positives et je maintiens l’isolement de l’individu ». Il parle lui d’agir par mon environnement.            
Ainsi, les besoins des humains, des autres qu’humains et de la planète sont pris en compte (l’interdépendance, si chère à la CNV). Il distingue trois usages de la force : l’usage environnemental de la force (agir par), l’usage protecteur de la force (agir pour) et enfin l’usage punitif de la force (agir contre). Il appelle au respect organique plutôt qu’à l’obéissance ou à la désobéissance.

Et Jean-Philippe Faure va plus loin, il considère que nous sommes tellement « imbriqué∙es, intriqué∙es [… que] je suis mon environnement et mon environnement est moi-même ». Nous avons les mêmes besoins car nous sommes Un, traversé∙es par cette essence qui est la vie, qui nous fait vibrer à l’unisson.  Et ça, ça me parle beaucoup ! 🙂

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Pour aller plus loin

Faure Jean-Philippe et Hemelsoet Muriel : www.voie-de-l-ecoute.com/documents-paratges.html, consulté en Août 2019
Gamblin Guillaume, L’insolente, Dialogues avec Pınar Selek, Ed. Cambourakis en partenariat avec la revue S!lence, 2019, p187-188, 212p.
Rosenberg Marshall, Les mots sont des Fenêtres (ou bien ce sont des murs), La Découverte, 2005 (édition 2015), p201-211, 260p.
Servigne Pablo, Stevens Raphaël, Gauthier Chapelle, Une autre fin du monde est possible, Seuil, 2019, 323p.
Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, Magie et Politique, p145 pour la citation, Cambourakis, 2015.

Désobéissance civile et CNV (2/3)

Quels sont les usages possibles de la force en CNV?
L’Action Directe Non Violente est-elle compatible avec la pratique de la CNV ?

[Suite du texte Désobéissance civile et Non violences]

Dans le texte précédent, j’évoquais la désobéissance civile de Gandhi et les Actions Directes Non Violentes que j’ai connues. Nous avons vu qu’il y a diverses façon de faire de la désobéissance qui se revendiquent de postures (différentes elles aussi) non-violentes .
Dans ce second texte, je voulais évoquer les usages possibles de la force en CNV. A quels endroits se placent les Actions Directes Non Violentes que j’ai effectuées ? Dans le dernier texte je reviendrai sur le changement que je veux voir dans le monde, qui pourrait être en accord avec une posture CNV.

J’ai écrit ce deuxième texte avec la même intention que le texte précédent : Rappeler qu’il y a plusieurs courants se reconnaissants de la non violence. Clarifier, du mieux que je puisse, la différence, d’après chaque courant les différents usages possibles de la désobéissance (/de la force).
Quels sont les usages possibles de la force en CNV ? L’Action Directe Non Violente est-elle compatible avec la pratique de la CNV ?

Texte sous licence CC-BY-NC-SA – Noa

L’usage protecteur de la force

Contrairement à la philosophie de Gandhi ou de M. L. King, la Communication Nonviolente nous propose lorsqu’une Vie ou des droits sont en danger de recourir à l’emploi protecteur de la force. Cela n’est possible que si nous ne portons aucun jugement sur la personne ou sur son comportement. Rosenberg pense que c’est essentiellement par inconscience que les individu∙es adoptent des comportements dangereux pour eux-mêmes/elles-mêmes et pour les autres et que ce n’est pas par nature que les gens sont violents. Cette vision est à la base de toute la philosophie de la CNV. C’est un postulat, vous pouvez ne pas être d’accord ;-). Cet axiome invite à un changement de paradigme total, à un bouleversement de notre regard sur le monde. J’aime croire que les humains ne sont fondamentalement pas violents car cette vision me permet de rester en lien, de me relier à des gens bien différents de moi !              

Ainsi, l’usage protecteur de la force est inévitable quand il n’y a plus d’échange ou qu’il n’y a plus le temps d’échanger (imminence du danger). L’intention est alors d’éviter les dommages corporels, les dommages matériels ou les injustices.                
L’exemple habituel est cet enfant qui traverse la route sans regarder, celui qui traversait déjà un peu n’importe comment dans mon texte sur la colère. Mais là, un gros camion lui fonce dessus ! Je ne vais pas me mettre à « faire de la CNV » : « mon très cher, j’observe qu’un camion de 22m3 avance vers toi à une vitesse supérieure à 50km/h et que tu ne l’as pas encore vu [observation], je me sens MEGA inquiet car j’ai besoin de sécurité [Sentiments, Besoins], pourrais-tu stp… [demande] ». Non, je me jette, je le remets sur le trottoir, j’ai fait un usage protecteur de la force.

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C’est un peu comme ça que je vois la situation… face à l’imminence du danger 😉

Après, je pourrais éventuellement, me mettre à l’écoute de mes sentiments (auto-empathie car GROSSE peur) pour pouvoir lui expliquer mon geste de façon neutre (sans le gronder car j’ai été inquiet, sans le sermonner) et enfin lui demander comment il ou elle se sent (demande de connexion).

L’usage répressif de la force

Cela est très différent de l’usage répressif de la force (punition, reproches, menace, etc.), qui lui n’est pas non violent d’après la philosophie de la CNV.  A ce moment, nous considérons que l’autre a fait quelque chose de « mal », et qu’il faut recourir à la douleur, la restriction, l’humiliation pour qu’elle « comprenne », pour qu’elle se repente ou change. Cet usage perpétue une norme sociale donnée qui légitime l’usage de la violence pour solutionner les conflits.

Car quand nous avons peur qu’une punition arrive… où portons-nous notre attention ? Nous sommes attentifs∙ves à ce qui pourrait nous arriver ! C’est le phénomène de la peur du gendarme. Le simple fait de savoir qu’il existe un système pénitentiaire et judiciaire, qui pourrait sévir si nous faisons quelque chose de mal ou de hors la loi suffit en général pour que la majorité des personnes respectent la loi (quitte à trouver de petits arrangements). Il n’y a pas besoin qu’il y ait un∙e gendarme derrière chacun∙e de nous. Nous nous gendarmons nous-mêmes, par peur des sanctions, le processus est intériorisé. Ainsi, respecter la limite de vitesse en voiture pour ne pas avoir d’amende et peut-être ne plus se rappeler que la limite sert à quelque chose (par exemple, que les piétons aient plus de chance d’avoir la vie sauve en ville ou limiter la pollution).

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La peur découle de l’usage répressif de la force (menace, humiliation, punition, etc.)

Deuxièmement, nous avons plus de mal à répondre aux besoins de la personne qui fait un usage de la force sur nous. En effet, comment arriver à rester centré∙e sur les sentiments et besoins de la personne qui fait un usage de la force sur nous ? Que ce soit à cause de la douleur, la restriction ou l’humiliation nous allons avoir tendance à nous méfier, à entendre ses mots comme des critiques ou des jugements, nous mettre sur la défensive, nous replier, prendre de la distance ou encore nous montrer agressifs∙ves (répondre, chercher à se venger). Utiliser la force répressive, contraignante, limite nos chances d’être entendu∙es et coupe le flux naturel d’interdépendance entre les humains.        

Quel(s) usage(s) de la force en Action Directe ?

Dans le cas de la désobéissance civile, j’ai l’impression que nous partons du principe qu’il y a danger immédiat pour l’humanité (dérèglement climatique), qu’il n’y a plus le temps de « faire de la CNV », qu’il n’est plus possible même de respecter la Loi car elle nous met tous et toutes en péril. Nous décidons alors d’avoir recours à l’usage protecteur de la force.   
Mais les changements ne sont pas forcément visibles juste après l’action (rarement même). Ils dépendent de la réaction de la « cible » (banque, institution), de son bon vouloir ; des temps de négociations, de plaidoyer sont nécessaires. Alors, il se peut que nous choisissons de réitérer, de faire une autre action, similaire ou différente, puis une action de plus grande ampleur. Bref, nous poursuivons notre stratégie car nous souhaitons à tout prix voir du changement chez l’autre. Marshall disait « nous ne pouvons jamais forcer qui que ce soit à faire quoi que ce soit » enfin… si l’on cherche à rester dans l’intention de la CNV ! ^-^. Alors si suite à ma « demande », je ne peux pas entendre un « non », c’est que j’ai formulé une exigence.          

Après une action directe non violente, sommes-nous capable collectivement d’entendre un « non » de la cible ? Suis-je capable moi Noa d’entendre un « non » de la cible ? Je ne crois pas. Je me sens impuissant alors je désire continuer à me battre pour limiter le dérèglement climatique . Ne suis-je pas d’ailleurs en train de me dire que la cible fait quelque chose de « mal » et que moi je lutte pour le « bien » ? Ne suis-je pas en train de tomber dans une vision d’ennemi (la « cible »), une catégorisation (« pouah, quel pollueur, profiteur, irresponsable ») ?

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Est-ce que nous ne sommes pas en train d’essayer d’intimider la cible (en jouant sur son image publique) pour qu’elle change de conduite donc d’avoir recours quelque part à l’usage répressif de la force ?   
Je cite encore une fois Rosenberg : « dès lors que nos besoins sont satisfaits de cette manière, non seulement nous perdons mais nous contribuons à la violence sur Terre » (quand bien même notre « problème » aurait été résolu à court terme).

J’ai été fervent militant pendant de nombreuses années au sein des actions directes non violentes. J’aime ce qu’elles permettent de faire collectivement : regagner de la puissance d’agir, retrouver un sentiment d’appartenance (« je ne suis pas seul∙e à avoir ces valeurs »), parfois changer concrètement les choses. Je voulais juste souligner que la non violence d’une action directe peut-être encore une fois, très différente de la philosophie de la Nonviolence de Rosenberg.
Plus je baigne dans la CNV, plus il m’est difficile de retrouver l’élan à faire des Action Directes NV, je suis partagé et pourtant mon cœur s’interroge : alors comment changer le monde en restant en cohérence avec mes valeurs écologiques et non-violentes dans le sens de Marshall ? [Lire le texte suivant]


Pour aller plus loin

Rosenberg Marshall, Les mots sont des Fenêtres (ou bien ce sont des murs), La Découverte, 2005 (édition 2015), p201-211, 260p.

Désobéissance civile et non violences (1/3)

De quelle violence ou de quelle non-violence parle-t-on ? De quelle désobéissance parle-t-on ?

J’ai toujours eu envie de changer le monde, de transformer l’existant en un lieu moins inégalitaire, plus équitable, plus doux, plus convivial, plus écologique, plus frugal. Plus désirable finalement. Cette quête a été mon fil conducteur pendant de nombreuses années, la flamme derrière ma militance, le leitmotiv de mon engagement.           
Après deux ans de baignade délicieuse dans l’univers de la Communication Nonviolente (CNV), j’ai eu envie de produire un texte qui viendrait mettre en regard, de façon subjective et partielle, deux façons de faire de la désobéissance civile non-violente (Gandhi, l’Action Directe Non Violente). Dans un second texte, pour continuer dans cette lignée désobéissante, je reparlerai des usages possibles de la force en CNV.  Enfin, le dernier texte me permettra de revenir sur le changement que je veux voir dans le monde, qui serait en accord avec une posture CNV.

J’ai écrit ce premier texte avec ces intentions : Rappeler qu’il y a plusieurs courants se reconnaissants de la non violence. Clarifier, du mieux que je puisse, la différence, d’après chaque courant les différents usages possibles de la désobéissance (/de la force).

Je crois que la question de ce premier texte est de savoir de quelle violence ou de quelle non-violence parle-t-on ? e quelle force (/désobéissance) parle-t-on ?

Texte sous licence CC-BY-NC-SA – Noa

La non-violence de Gandhi

Pour écrire ce paragraphe, je me suis principalement inspiré d’une lecture : un chapitre de Robert Deliège sur la vie de Gandhi, parce qu’au final, je connaissais peu de choses sur la vie du Mahatma.
La non-violence pour Gandhi est une méthode d’action, politique et sociale. Un moyen et une fin en soi. Dans les luttes -plutôt connues, comme la marche du sel- qu’il a menées, il mélangeait désobéissance civile de masse, résistance et/ou boycott. Il invitait les militant∙es à ne jamais avoir recours à la violence sous quelle que forme que ce soit, à ne jamais montrer leur propre colère, voire à se laisser placidement arrêter. Robert Deliège raconte que « l’exemple donné par les participant∙es, […] leur détermination sont essentiels à la réalisation du but final ».

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Gandhi : « An eye for an eye makes the whole world blind » – La maxime « œil pour œil » rend l’ensemble du monde aveugle »

Gandhi a inspiré de nombreux mouvements de libération et de défense des droits dans le monde. Il est reconnu pour mélanger fermeté, compromis, persuasion et discussion. J’ai compris, avec étonnement, qu’il ne considérait pas la pression morale, le chantage comme des violences. Également, Gandhi valorise la mortification et le jeûne sévère, que d’autres courants pourraient voir comme de la violence (physique) exercée sur soi-même.  Pour lui, ce sont des actes moraux, spirituels, purificateurs. Parfois, Gandhi a eu recours à des grèves de la faim comme un autre moyen dans la poursuite de ses luttes.
La non-violence n’a jamais été pour Gandhi un acte de faiblesse, un renoncement et/ou l’expression d’une peur, c’était un choix conscient, une solution pour changer la société. Gandhi pensait que la non-violence ne se résume pas au fait de ne pas tuer, mais de ne plus avoir d’ennemi∙es. D’aller jusqu’à les aimer et de ne plus accepter que du tort leur soit fait !               
En cela, je crois le courant de la CNV et la pensée de Gandhi se rejoignent.      

De ce que j’ai compris, en revanche, Gandhi était conscient qu’il s’agissait là d’un idéal de perfection, d’une exigence, qui plus est très élevée. De mon côté, quand je pratique la CNV, une fois que je me suis donné de l’auto-empathie ou une fois que mes besoins sont tranquillement nourris, je ne me dis jamais qu’il faut que j’aime autrui. L’envie de me connecter (besoin d’interdépendance) et l’empathie découlent naturellement, si j’en ai l’élan, une fois que j’ai pris soin de moi. Également Rosenberg insiste très souvent sur la vision d’ennemi qui vient créer une opposition, redire qui a tort-qui a raison, alors qu’en CNV, avant toute chose se situe l’intention : quelle qualité de la relation j’aimerai tisser avec cette personne ?

L’Action (directe) Non Violente

J’ai milité pendant longtemps en pratiquant des Actions Directes Non Violentes, en compagnie des associations comme Alternatiba, ANV COP21, Les Ami∙es de la Terre ou encore ATTAC. Il s’agissait par exemple d’aller bloquer une banque pour sensibiliser les employé∙es au fait que leur (haute) direction continue de financer des énergies fossiles les plus polluantes. Demander que l’information remonte en interne. Puis recommencer et ainsi alerter à la fois l’opinion publique mais également causer assez de perte de temps, d’argent, ou nuire à l’image publique de la banque en question pour commencer à pouvoir faire pression sur la (haute) direction.

L’Action Non Violente (ANV) considère d’une part que les personnes qui militent se battent pour le « bien commun » ou disons pour le mieux-être de la grande majorité de la société civile voire de la planète. Ces actions peuvent utiliser des moyens légaux (lobbying, plaidoyer, actions en justice, actions légales) mais aussi la légitime défense ou encore la désobéissance civile. Elles cherchent à faire prise, là où individuellement nous pourrions nous sentir impuissant∙es (et atterré∙es !), pour nous redonner collectivement de la puissance d’agir et espoir.

(Noa – Licence CC BY-NC-SA 4.0)
2018 – Une action légale pour dénoncer la prolifération des panneaux publicitaires vidéos énergivores.

A aucun moment, les militant∙es ne s’en prennent aux personnes : il y a une distinction faite entre les actes effectués (estimés violents : comme construire un pipeline) et les personnes (dirigeantes, décisionnaires ou exécutantes) qui les commettent. Il y a toujours une proposition décente, une porte de sortie laissée à « l’adversaire ».

Le consensus d’action est le suivant : jamais de dégradation matérielle ni de violence physique ni de violence psychologique. Nous agissons à visage découvert, avec calme, respect mais détermination et avec nos papiers d’identité dans la poche. Pourquoi ? Parce que nous sommes tous∙tes responsables, nous savons à quoi nous attendre avant chaque action (risque légal, juridique) et nous sommes prêt∙es à assumer cela jusqu’au bout (interpellation, garde à vue, amendes, prison!).

Car, selon la durée et la complexité des actions menées, la répression peut survenir ; je dirai même il faut compter avec elle ! En effet, je me dis que la lutte non violente vient déranger l’ordre établi (que ce soit l’État, des institutions, des organismes privés), bref une forme de pouvoir -« pouvoir-sur »- quel qu’il soit… Pas étonnant je trouve qu’une forme de répression soit alors déployée pour étouffer cette perturbation !

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2017 – L’action de masse de désobéissance civile « Ende Gelände » : blocage d’une gigantesque mine de charbon allemande, avec des militant∙es venu∙es de nombreux pays.
On voit des groupes de militant∙es (en blanc) face aux lignes des forces de l’ordre (tenues foncées).

D’ailleurs, c’est cette répression, souvent brutale, qui vient pointer là où sont les enjeux de la lutte et où se cache le pouvoir (qui est protégé par le Pouvoir en place). L’utilisation de la non violence permet aussi de bénéficier d’un plus grand soutien auprès de l’opinion publique : comment ne pas être un peu outré∙e en voyant des militant∙es pacifistes, les bras en l’air, dénonçant une injustice quelconque qui se font malmené∙es/ arrêté∙es par une troupe de policier∙es ou de gendarmes carapacé∙es ? Les forces de l’ordre seraient-elles « du côté » des banques ?

Et du côté de la CNV, qu’en est-il ? Quelle désobéissance est possible? [Lire le texte suivant]


Pour aller plus loin

Deliège Robert, Gandhi sa vie et sa pensée, Chap V., p. 149-170. books.openedition.org/septentrion/13947?lang=fr, Consulté en Août 2019.
Wikipédia : fr.wikipedia.org/wiki/Non-violence
Les sites des associations : Alternatiba, ANV COP21, Les Ami∙es de la Terre ou encore ATTAC

Pouvoir ou Puissance ?

J’évoquais dans un article précédent que la violence, pour moi, prend principalement racine dans la frustration, l’impuissance. Il m’a semblé alors bien naturel de creuser sur la question de la puissance. Mais qu’est-ce que la puissance ? Est-ce comme le pouvoir ? La puissance est-elle une « mauvaise » chose ?
J’écris ce texte avec cette intention : clarifier la différence entre puissance et pouvoir. Introduire les termes de Starhawk qui me sont si chers : pouvoir-sur et pouvoir-du-dedans puis parler d’empowerement.

Texte sous licence CC-BY-NC-SA – Noa


De la puissance

Une fois en atelier de Communication Nonviolente (CNV), nous étions en train de chercher les besoins non nourris d’un∙e participant∙e qui racontait une situation vécue et à un moment, j’ai proposé « Puissance Personnelle ». Regards horrifiés du groupe et gros blanc. Je ne pourrais plus citer de mémoire ce que mon interlocutrice∙mon interlocuteur m’a répondu mais c’était quelque chose du genre : « je ne suis pas une personne qui cherche le pouvoir ».

J’ai été étonné puis peiné car pour moi la puissance est un besoin universel (au sens de la CNV) et donc ni bon, ni mauvais. Je pourrais le traduire par « accomplissement de soi » ou « autonomie » ou « force intérieure » ou encore parfois « souveraineté ». D’où vient cette confusion sémantique entre nous ?

Quand je regarde dans mon Larousse de Poche (1995, p537) à Puissance, je lis« (n.f.) 1/ Autorité, pouvoir de commander, de dominer ; 2/ état souverain ; 3/ qualité de ce qui peut fournir de l’énergie ». Dans le Larousse en ligne apparaît la notion (mais également en second !) de : « Caractère de ce qui peut beaucoup, de ce qui produit de grands effets (syn. Efficacité) ».     
Arg !? La puissance servirait-elle d’abord à dominer ? …

Quelques mots de Starhawk

Starhawk est une sorcière néopaïenne, militante, féministe, écologiste et non-violente. Elle a écrit de nombreux livres, notamment autour des actions directes non violentes internationales (quoique altermondialistes 😉 ) et des fonctionnements des groupes (associatifs, militants ou manifestants) pour les rendre plus horizontaux. Sa réflexion m’est chère et m’a souvent aidé à penser. 

Rêver L’obscur, retraduit en français en 2015 aux éditions Cambourakis.

Anne Querien, une sociologue et traductrice de Rêver l’Obscur deStrahawk dit : « La découverte que nous avons faite dans [ce] livre, c’est que le pouvoir n’est pas un, donc à s’approprier, mais deux ».

Starhawk parle en effet de « pouvoir-sur », ce pouvoir qui domine, qui force à faire, qui sépare, qui impose, qui meurtrit ou qui assassine. C’est que j’interprète comme le Pouvoir dans un sens habituel : « ça » vient du haut et « ça » écrabouille… Plus ce pouvoir coule, plus il nuit à d’autres. Il ne peut être exercé par une minorité et peut être perdu. Starhawk note que « les systèmes patriarcaux font passer l’agression pour le vrai pouvoir, et nient les pouvoirs que représentent par exemple le fait de créer ou de prendre soin ».

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Comment je me représente le « pouvoir-sur »

Mais il y aussi, dit-elle, le « pouvoir-du-dedans », ce pouvoir vivant, qui résiste, qui fabrique, mais ne se nourrit ni ne se déploie jamais au détriment d’autrui, humains ou autres qu’humains. C’est le pouvoir de, celui que je lie à la Puissance, qui découle à la fois de l’interdépendance entre nous tous et toutes (humains ou autres qu’humains) et de la capacité de chacun∙e à déployer sa force, ses couleurs, sa créativité, ses talents, ses envies, son unicité, etc. Ce pouvoir part du bas et irrigue&alimente les alentours. C’est aussi un pouvoir qui s’arrose lui-même : plus de puissance d’agir me donnera plus de puissance d’agir, il est peu probable que je la perde.   
Isabelle Filliozat, écrivaine, psychothérapeute et conférencière sur les émotions&la parentalité explique autrement : exercer un certain pouvoir (je peux cracher, je peux courir) n’est pas la même chose que prendre le pouvoir. Quand je peux, j’ai la capacité ou je suis libre de. Après je peux déployer des stratégies bien différentes, qui prennent en compte ou non autrui et ses besoins…  Elle rappelle que pouvoir est un verbe et que je peux le conjuguer différemment !

Plus le pouvoir-du-dedans coule, plus ce pouvoir peut émerger chez d’autres. Car la puissance personnelle est inventive, partageuse, elle permet de créer de nouvelles réalités et de faire un pas de côté par rapport au schème du pouvoir-sur.  J’observe la même chose que Starhawk, l’idéologie dominante dans notre société occidentale ne donne que peu de crédit au pouvoir-de, celui-ci est peu reconnu ou peu valorisé. Est-ce parce qu’il est si subversif et… puissant ? 🙂

J’ai plus de pouvoir que la voisine, ahah ! Victoire ?

Isabelle Filliozat se demande si j’ai plus de pouvoir que mon∙ma voisin∙e, puis-je pour autant déclarer que j’ai ou j’exerce une quelconque supériorité sur il∙elle ? Non, je peux seulement dire que je suis dans situation privilégiée. Hum, la question des privilèges…

Si la puissance est un besoin au sens CNV, tous les humains en ont potentiellement besoin (à un moment où un autre), cependant, du fait que nous nous inscrivons dans un monde & dans une société (occidentale pour ma part) structurellement inégale, en réalité, nous n’avons pas tous∙toutes le même pouvoir-de !

Le concept d’empowerment définit le développement du pouvoir d’agir des individus et des groupes sur leurs conditions sociales, économiques ou politiques ou écologiques. Il est à la croisée entre émancipation et transformation du monde existant (logique contestataire). Il signifie reprendre le pouvoir (pourvoir-de) de la part de personnes qui en sont ou en ont été privées pour des raisons structurelles, intrinsèques à une société donnée (expl : occidentale). Au Quebec, on parle d’« autonomisation », chez Judith Butler –philosophe américaine- d’« agentivation ». Moi, j’aime parler de puissance d’agir, d’empuissantement. C’est le pouvoir-du-dedans de Starhawk, quand il s’inscrit dans un contexte politique donné.

Viens t’empuissanter ! 

Comment s’empuissanter ?

Starhawk conseille de « pas avoir peur de voyager vers l’obscur », de descendre en soi-même, pour guérir et sortir de la haine de soi. Elle invite à prendre conscience que nos relations (humaines ou avec les autres qu’humains ou la terre) nous nourrissent et nous soutiennent. Et je crois bien que c’est ce que propose aussi la CNV, même si les mots sont différents. Rosenberg rappelle très souvent que nous sommes interdépendant∙es ; que nous ne pouvons jamais forcer qui que ce soit à faire quoi que ce soit (je n’utilise jamais le « pouvoir-sur » si je veux rester dans l’esprit de la CNV) et la CNV globalement nous invite à effectuer en permanence (ou presque) un retour sur soi.             
Exemple : Ce n’est pas la personne qui « me met en rogne » car je suis responsable de mes sentiments. Cette personne n’est que le stimulus, alors, je descends en moi-même : quels sont mes besoins ? Je creuse jusqu’à l’apaisement.

Pour ma part, plusieurs dispositifs ont été d’autant de clés pour gagner en Puissance Intérieure. Tout d’abord, tous les outils politiques d’empowerement : travailler dans des associations différentes, découvrir puis développer la gouvernance horizontale-partagée dans un groupe associatif, développer ma pensée politique (prendre conscience de la convergence des luttes, de l’imbrication des dominations, que mon parcours-mes difficultés-mes privilèges ne sont pas les mêmes que mon∙ma camarade de militance mais ne rien prioriser ni n’oublier personne, etc.), travailler à l’autogestion, questionner en permanence mon rapport au pouvoir (pouvoir-sur), travailler mon cadre et ma posture, savoir d’où je parle et avec quelle intention, et à chaque frottement (interne ou externe) : en parler, échanger, écouter, parler pour moi (au je), penser, rencontrer encore, grandir.

Mon deuxième grand coup de cœur à été les actions directes non violentes. Cette façon de militer que j’ai pratiqué pendant de nombreuses années m’a permis de me rendre compte que je ne n’étais pas seul∙e, que d’autres personnes souhaitaient aussi changer le monde : lutter contre l’investissement dans les énergies fossiles les plus polluantes, demander une taxation sur les transactions financières pour récolter des fonds, empêcher la création d’autoroutes inutiles ou de pipelines, mobiliser pendant les COP (Conférences Internationales « pour » le climat). Ces actions me permettaient d’avoir prise (besoin de puissance personnelle) sur des situations extérieures qui entraient en conflit avec mes valeurs tout en nourrissant mon besoin d’appartenance.

Enfin, sans surprise, le travail sur moi avec notamment la pratique intensive de la CNV. Chaque jour je constate comme la CNV permet de retrouver plus de pouvoir-de et de se guérir soi. La bienveillance, pensée par Rosenberg, vient me réparer et m’apaiser. Ensuite, et seulement ensuite, elle part de moi pour englober avec douceur les autres (humains) et enfin elle me reconnecte à l’ensemble du monde (autre qu’humains). J’ai l’impression que Starhawk voit les choses de la même façon : elle déploie (et transmet !) sans arrêt par les discours, par les rituels, soin et réparation, à la triple échelle de la terre, des individus et des groupes.

Je rêve d’un monde où chacun∙e aurait conscience de son propre pouvoir-du-dedans et aurait la capacité de l’exercer. Aussi, quelques soient vos manières, de vous empuissanter, puissent-elles croitre, se transmettre et proliférer !

(Licence CC0 Public Domain)

Pour aller plus loin 

Filliozat Isabelle, Il n’y a pas de parent parfait, Marabout, 2012 (5ème édition), 316p.
Larousse de Poche, Dictionnaire des noms communs, 1990 (réédition de 1995), p537, 848p. Et en ligne : www.larousse.fr/dictionnaires/francais/puissance/65022 [consulté en Août 2019]
Querrien Anne, Starhawk, écoféministe et altermondialiste, in Multitudes 2017/2 (n° 67), p54-56. DOI : 10.3917/mult.067.0054 [Consulté en Août 2019]
Rosenberg Marshall, Les mots sont des Fenêtres (ou bien ce sont des murs), La Découverte, 2005 (édition 2015), 260p.
Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, Magie et Politique, Cambourakis, 2015.
Wikipedia : Définition fr.wikipedia.org/wiki/Empowerment, consulté en Août 2019